La crise climatique est aussi une crise des droits de l'enfant — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Gautam Narasimhan, responsable de l’UNICEF pour le climat, l’énergie et l’environnement, a rappelé que chaque enfant et chaque jeune vivant aujourd’hui est né dans un monde pleinement conscient des conséquences de l’inaction en matière de climat, « et pourtant les dirigeants sont incapables de s’entendre sur les mesures à prendre pour y mettre fin ».

Selon l’UNICEF, deux tiers des plans climatiques des pays ne tiennent pas compte des besoins et des priorités des enfants. Sur les 103 plans nationaux, le Fonds international de secours à l’enfance des Nations Unies considère que seuls 35 d’entre eux sont adaptés aux plus jeunes.

Si les pays tiennent les bons discours sur la prise en compte et l’inclusion des enfants, leurs plans climatiques ne tiennent pas leurs promesses. Les enfants et les jeunes apportent de l’énergie, du leadership et des idées à la table des négociations, mais les dirigeants continuent de ne pas tenir compte de leurs demandes, estime l’UNICEF, faisant écho aux revendications des jeunes qui manifestent sous toutes les latitudes.

Les enfants, premières victimes du climat

L’indice de risque climatique des enfants publié en août par l’UNICEF reste d’actualité : « 99 % des 2,2 milliards d’enfants dans le monde – soit la quasi-totalité d’entre eux – sont exposés à au moins une menace environnementale, notamment les vagues de chaleur, les cyclones, les inondations, la sécheresse, les maladies à transmission vectorielle, la pollution atmosphérique et l’empoisonnement au plomb ».

Et environ un milliard d’enfants vivent dans des pays qui courent un « risque extrêmement élevé » de subir les menaces du changement climatique. Ces enfants sont confrontés à des chocs climatiques multiples et cumulatifs, qui menacent leur santé, leur éducation et leur survie. Il est donc essentiel de renforcer la résilience des services sociaux dont dépendent ces enfants – eau, santé et éducation – pour réduire les risques auxquels ils seront confrontés.

L’UNICEF tire la sonnette d’alarme : il est urgent que les gouvernements augmentent les investissements dans l’adaptation et la résilience au climat. « Les enfants des communautés qui ont le moins contribué aux émissions mondiales seront confrontés aux plus grands impacts du changement climatique. Ce sont les communautés qui connaîtront la plus forte croissance de la population infantile au cours des prochaines décennies ; et pour ces enfants, les mesures d’atténuation visant à réduire les émissions de CO2 arriveront trop tard, étant donné qu’il faudra des décennies pour que les réductions d’émissions aient un impact ».

Faire participer les jeunes aux décisions

L’argent étant non seulement le nerf de la guerre mais aussi le moyen de soutenir des plans pour sauver la planète du désastre climatique, les pays développés sont priés de dépasser leur promesse de 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars US par an pour le financement du climat, somme insuffisante pour faire face à l’ampleur des impacts climatiques.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre est plus qu’un mantra. Il est impératif que les dirigeants s’engagent à réduire les émissions plus rapidement et plus profondément, d’au moins 45 % (par rapport aux niveaux de 2010) d’ici à 2030 afin de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius.

« Ils ne peuvent pas ne pas tenir compte du consensus scientifique et ils ne peuvent pas nous ignorer », clamait Greta Thunberg à Glasgow. Inclure les jeunes dans les négociations et décisions sur le climat et les solutions durables est une priorité. Afin qu’ils influencent les décisions cruciales pour leur avenir, et pour convenir d’une voie à suivre pour prévenir les conséquences du changement climatique pour les populations du monde entier.

« Croire et avoir de l’espoir de créer une société meilleure est la seule chose qui nous reste. Mais je ne suis pas sûre de croire encore dans les institutions, surtout dans le système économique actuel. Il faut reconnaître que le système dans lequel on vit ne nous permet pas de prendre les mesures nécessaires et qu’il n’est pas en cohérence avec l’urgence climatique. Il faut prendre les choses en main et changer de direction », affirmait Marion Lanci, jeune activiste pour le climat lors d’un débat au Club suisse de la presse à Genève, le 12 octobre dernier, sur les objectifs et espoirs pour la Conférence de Glasgow sur le climat.

Luisa Ballin