Joe l'éveillé — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Ce n’est pas l’heure du bilan. Mais il y a déjà pas mal de choses à poser sur la balance. Biden a réussi à convaincre le Congrès d’investir des milliards dans un plan de relance qui comprend un imposant programme vert. Il a su gérer avec sang-froid le Covid, lutter efficacement contre l’inflation. Il est venu opportunément en aide aux familles. Il a obtenu les meilleurs résultats d’un président démocrate depuis les années trente dans une élection des midterms. Il a conforté sa majorité au Sénat, alors qu’on lui promettait une débandade historique.

Il y a quelques jours encore, les Européens ont pu compter sur lui. Donnant son accord à la livraison des chars Abrahms, contre l’avis du Pentagone, il a facilité ainsi la décision de l’Allemagne, et sauvegardé l’unité de la coalition contre la Russie. Sans lui, et son soutien indéfectible, l’Ukraine serait sans doute aujourd’hui sous le joug russe.

Il ne lui resterait plus qu’à « guérir l’Amérique », la réconcilier, lui faire passer la colère qui habite et divise le pays. Mais cela prendrait plus de temps, et c’est une tâche qu’un président ne peut réussir à lui seul.

En réalité, Joe Biden est un politicien d’expérience, un négociateur madré, que l’âge, les hésitations, et la méchanceté aussi, nous avaient fait oublier. Nous nous en sommes tenus aux apparences. Nous avons été paresseux. Nous l’avons sous-estimé.

Fort de ses succès, le vieux Biden se prend à rêver, et se dit qu’il n’est peut-être pas si vieux, et qu’il est le seul à empêcher Trump de reprendre le bureau ovale. Le « has been » aurait-il encore un avenir ? L’homme du passé serait-il le meilleur candidat du futur ? Certains jugent qu’il a déjà accompli davantage qu’Obama en deux mandats. Il aurait donc le droit de se reposer. Mais « Sleepy Joe » n’a pas du tout envie de dormir. Il est bien éveillé. Il voudrait reprendre le volant, et poursuivre sa route.

André Crettenand