Joe Biden signe une loi interdisant l'importation issue du travail forcé des Ouïghours — Genève Vision, un nouveau point de vue

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La loi demande de porter une attention particulière aux importations de trois produits: le coton, dont le Xinjiang est l’un des grands producteurs mondiaux; les tomates, également produites en masse dans la région; et le polysilicium, un matériau utilisé dans la production de panneaux photovoltaïques.

Cette loi donne au gouvernement « de nouveaux outils pour empêcher l’entrée sur le territoire de produits fabriqués avec du travail forcé au Xinjiang et tenir responsables les personnes et entités derrière ces abus », a déclaré jeudi le secrétaire d’Etat Antony Blinken dans un communiqué, appelant le gouvernement chinois à mettre fin « au génocide et aux crimes contre l’humanité ».

Mesure « la plus efficace »

Dans une rare unanimité, le Sénat avait voté le 16 décembre ce texte, porté à la fois par des démocrates et des républicains, partisans d’une politique agressive contre Pékin. Ce vote est intervenu malgré une campagne de lobbying des entreprises américaines, pour certaines très dépendantes de leurs approvisionnements en Chine, et qui agitent l’épouvantail de perturbations supplémentaires des échanges commerciaux mondiaux, déjà désorganisés par la pandémie.

Cette mesure est « la plus importante et efficace prise jusqu’à présent pour tenir le Parti communiste chinois responsable de son recours au travail forcé », a dit le président américain jeudi dans un communiqué.

Imbroglio autour d’Intel

Pékin est accusé par les pays occidentaux d’enfermer massivement les Ouïghours, une communauté à majorité musulmane et turcophone de l’ouest de la Chine, dans de vastes camps de travail.

Mais la mise en oeuvre de la loi, et de manière générale l’offensive des Etats-Unis contre certains intérêts économiques chinois, pourraient provoquer des frictions, comme l’a montré dès jeudi une controverse autour du géant américain des semi-conducteurs Intel.

Dans la foulée de l’adoption de la loi au Sénat et après une volée de sanctions américaines contre des entreprises chinoises, Intel avait envoyé un courrier à ses fournisseurs leur demandant d’éviter de se fournir dans la région.

Revoir le reportage de Forum sur la situation au Xinjiang: Que se passe-t-il au Xinjiang? Récit de Mickaël Peuker

Cela a suscité une levée de boucliers en Chine, que le fabricant de puces a ensuite tenté de calmer avec un communiqué publié sur Weibo, la plateforme de réseaux sociaux chinoise: « Notre intention initiale était de garantir le respect des lois américaines (…). Nous nous excusons pour les problèmes causés à nos respectés clients chinois, à nos partenaires et au public ».

« Nous pensons que le secteur privé et la communauté internationale devraient s’opposer à l’instrumentalisation, par la Chine, de leurs marchés, pour étouffer le soutien aux droits humains », a commenté Jen Psaki, interrogée sur ce communiqué d’Intel.

« Nous pensons également que les entreprises américaines ne devraient jamais ressentir le besoin de s’excuser pour avoir défendu les droits humains fondamentaux ou s’être opposées à la répression », a ajouté la porte-parole de l’exécutif américain.

ats/ther