Il y a dix ans, le monde découvrait l’ampleur des systèmes de surveillance des Etats-Unis et du Royaume-Uni, grâce à un homme, Edward Snowden. Il dévoilait dans le quotidien britannique The Guardian des informations confidentielles sur les méthodes du renseignement américain. Quel impact ces révélations ont-elles eu?
Le 6 juin 2013, Edward Snowden, un ancien employé de la NSA, l’agence nationale de sécurité aux Etats-Unis, et de la CIA, commence à livrer des informations top secrètes qui mettent en lumière des systèmes d’écoutes de masse sur internet et des programmes de surveillance comme Prism.
La Matinale / 6h21 / 2 min. / 05.06.2023
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Une prise de conscience brutale, se souvient dans La Matinale de la RTS l’historien et spécialiste des nouvelles technologies Antoine Lefébure: « ça a été un choc, parce que personne n’imaginait qu’il y avait une véritable surveillance mondiale et que les Américains – parce que c’était les seuls qui avaient les moyens techniques – pouvaient espionner n’importe qui et n’importe où ».
Et l’historien de souligner l’importance de cette révélation: « Personne ne l’imaginait, cela a été la vraie révélation de Snowden ».
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Mais ces révélations ne servent pas à mettre un cadre à l’espionnage. Les tentatives sont infructueuses: « Il y a eu des projets à l’Union européenne, à l’ONU », se souvient l’historien.
« Mais à chaque fois, les Américains, qui ont dans ces organismes une puissance de frappe terrible, ont réussi à couler toutes les initiatives de parlementaires ou de gouvernements qui étaient opposés à cette surveillance. Il n’y a pas eu d’accord international, comme pour les armes chimiques par exemple. »
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Antoine Lefébure estime même que les effets sont contre-productifs pour la protection des citoyens. Les services de renseignements prennent des mesures pour se protéger, et ils confient la tâche à d’autres.
« Certains Etats ont sous-traité à des entreprises privées pour ne pas être trop pris la main dans le sac, et dans la mesure où ces techniques sont plus perfectionnées et moins chères, le privé s’en est emparé sans aucun principe. »
Peu de principes et une opinion publique qui s’est globalement accommodée de cette surveillance. Dix ans plus tard, Edward Snowden est coincé en Russie, il aura personnellement payé un prix fort, sans avoir provoqué le changement qu’il espérait.
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Anouk Henry/ebz
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