Godard, le cinéma c'est … — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Monsieur Godard a eu recours à l’assistance légale en Suisse d’un départ volontaire suite à de multiples pathologies invalidantes, selon les termes du rapport médical », a expliqué Patrick Jeanneret, confirmant une information publiée par le journal Libération.

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« Le corps était fatigué. Il ne suivait plus », a expliqué ce proche du cinéaste franco-suisse. « Il ne pouvait plus vivre normalement en raison de diverses pathologies. Et je pense que pour un homme qui était aussi indépendant, aussi intègre, c’était une entrave majeure de ne pouvoir disposer de ses moyens physiques comme tout un chacun. »

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« A bout de souffle », une oeuvre phare de la Nouvelle Vague

Né à Paris en 1930 puis immigré en Suisse avec sa famille dès l’âge de trois ans, le cinéaste était installé de longue date à Rolle (VD), sur les bords du Léman. Fort d’une carrière de soixante ans et riche de quelque 160 films, il travaillait encore sur deux nouveaux longs métrages.

L’un de ses longs métrages les plus connus, « A bout de souffle » sort en 1960. « Godard a pulvérisé le système, il a fichu la pagaille dans le cinéma, ainsi que l’a fait Picasso dans la peinture, et comme lui il a tout rendu possible », écrira François Truffaut à propos de ce film culte tourné sur le vif. Avec un gars (Jean-Paul Belmondo), petit malfrat qui aime une fille (Jean Seberg) et voudrait la convaincre de partir à Rome avec lui, ce film devient l’oeuvre phare de la Nouvelle Vague.

A voir: la bande-annonce du film « A bout de souffle » de Godard

Suivent « Le Mépris » (1963), « Pierrot le Fou » (1965), « La Chinoise » (1967), « Sauve qui peut (la vie) » en 1980, « Prénom Carmen » (1983) ou les huit épisodes des « Histoire(s) du cinéma » (1988-1998). Parmi ses muses figurent Anna Karina et Anne Waziemski qu’il épousera successivement, avant de devenir le compagnon de la Lausannoise Anne-Marie Miéville.

Son ultime long métrage, « Le Livre d’image », est sorti de 2018. Il s’agit d’une réflexion sur le monde arabe de 2017 à travers un montage d’extraits de films, les siens ou ceux des autres.

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Une figure iconique et intimidante

Le cinéma de Godard n’a jamais cessé de penser le monde et de chercher à explorer des facettes différentes de son médium. Figure iconique volontiers intimidante, le cinéaste n’aura cessé d’expérimenter de nouvelles formes de narration et de faire un usage iconoclaste des nouvelles technologies.

Godard a toujours été là où on ne l’attendait pas, en avance de plusieurs trains, défaisant chaque décennie ce qu’il avait fait auparavant. Il est une référence absolue pour les plasticiens, peut-être plus encore que pour les cinéphiles, inspirant toujours autant la jeune génération.

Le cinéaste a aussi a fait le plus souvent de ses compagnes les héroïnes de ses films. Les plus connues sont Anna Karina, égérie de la Nouvelle Vague, et Anne Wiazemsky. « Je n’ai pas le sentiment de faire une différence entre la vie et la création », déclarait le réalisateur franco-suisse en 1965. « Pour moi, diriger une actrice et parler avec sa femme, c’est pareil ».

Ses tout premiers films, des court-métrages, Godard les tourne avec sa première compagne, Anne Colette. Ce sera « Tous les garçons s’appellent Patrick » (1957) et « Charlotte et son jules » (1958) avec Jean-Paul Belmondo, inspiré du « Bel Indifférent » de Jean Cocteau.

Voir aussi un documentaire consacré à Jean-Luc Godard réalisé par Fabrice Aragno en 2012

aq avec agences