Gérard Araud: „L'Occident ne peut plus accepter une défaite de l'Ukraine” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Actuellement, tout le monde s’attend à une offensive russe et une contre-offensive ukrainienne. « Les deux adversaires veulent en découdre. Les Ukrainiens galvanisés par leurs succès et indignés par les atrocités dont ils ont été victimes veulent aller de l’avant et les Russes veulent rétablir la situation après leurs échecs. Je pense, hélas, que nous entrons dans une période de plusieurs semaines, peut-être plus, de combats acharnés entre les deux adversaires », explique-t-il encore. « Il n’est aujourd’hui pas question de négocier ».

Victoire de Kiev improbable

Mais étant donné le rapport des forces, il est improbable que l’Ukraine puisse recouvrer tous les territoires qui ont été occupés par la Russie. Pour la plupart des experts militaires, Kiev ne pourra pas infliger une défaite décisive à la Russie. Mais « l’Occident ne tolérera pas une victoire de la Russie. La perspective qui s’ouvre à nous est une guerre longue avec beaucoup de morts et de dévastation », relève encore l’ancien ambassadeur.

« Nous devons attendre le résultat de ces combats dans l’espoir qu’en mars-avril nous puissions revenir éventuellement à une logique de négociation. Mais il est très improbable qu’on parvienne à un accord de paix. Les Ukrainiens ne peuvent pas renoncer aux territoires annexés par les Russes et ceux-ci ne peuvent pas renoncer non plus. C’est aux diplomates d’essayer de trouver une solution, par exemple un armistice, comme entre les deux Corées qui sont dans un état d’armistice depuis 1953 ».

La question est de savoir si les deux adversaires épuisés par les combats accepteront de considérer une baisse de la tension. « Il y a une chance sur 100 que cela arrive. Il est nécessaire que les politiques et les diplomates essaient de se mettre à la tâche parce que sinon nous avons des années de guerre devant nous ».

« La diplomatie est de négocier avec nos ennemis. S’il y a une paix, elle sera négociée avec Vladimir Poutine, c’est un fait. Je pense que les Américains accepteraient de négocier, Joe Biden n’est pas du tout un va-t-en guerre », a conclu Gérard Araud.

Propos recueillis par Frédéric Mamaïs/lan