Genève internationale: un patrimoine photographique exceptionnel — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Comment l’image humanitaire est-elle entrée dans notre quotidien voici déjà plus d’un siècle ? Qu’en est-il de son interprétation mais aussi de la place de l’hors-champ ? Quel décalage entre la réalité et sa représentation, inévitablement fragmentaire ? Autant de questions que l’exposition « Un monde à guérir » se propose d’aborder ces cinq prochains mois à travers une multiplicité de points de vue.

Anonyme. Auxiliaires « juniors » de la Croix- Rouge, guerre hispano-américaine, 1898, Archives CICR (DR).

Multiplicité de points de vue

Entre images publiques, supports de communication pour signifier l’urgence de l’action humanitaire, et images plus confidentielles, ces photographies réunissent les œuvres de grands noms de la photographie tels que Werner Bischof et Susan Meiselas, de collaborateurs·trices du Mouvement international de la Croix-rouge et de personnes directement affectées par les crises. Le tout aboutit à une section consacrée aux travaux d’Alexis Cordesse qui partage des photographies personnelles conservées par les migrants.

Garin Wanzam village. Les volontaires de la Croix-Rouge nigérienne et le CICR effectuent une distribution de secours pour les personnes déplacées de Bosso, Yebi et Toumour. Kathryn Cook-Pellegrin, Niger, 2016 © CICR

Sana Tarabishi, Alep, Syrie, 2017 © CICR

Une grammaire visuelle de l’action humanitaire

Etape par étape, l’exposition se propose d’offrir au public des clés de lecture pour comprendre les codes de représentation de l’image humanitaire. On est invité à « la regarder dans une perspective critique et interroger d’où elle vient, ce qu’elle raconte et ce qu’elle ne montre pas », annonce le communiqué de presse. « En parcourant les intentions à l’œuvre, elle articule une grammaire visuelle de l’action humanitaire qui nous permet d’outiller notre regard ».

Lesbos, camp de régugiés de Moria. Un père afghan et son enfant devant leur tente improvisée. Stylianos Papardelas, Grèce, 2019 © CICR

Pour Nathalie Herschdorfer, commissaire de l’exposition, il s’agit de valoriser la mission utilitaire de la photographie et ce que les images disent de notre époque : « La connaissance du passé, de l’histoire, s’est beaucoup faite au travers de l’écrit. Or l’histoire humanitaire ne peut pas être abordée sans celle de la photographie. A peine 25 ans séparent l’invention de la photographie en 1839 et la création du CICR en 1864, leur destin respectif est intimement lié. Aujourd’hui plus que jamais, il est difficile de concevoir l’humanitaire sans image ».

Pour Pascal Hufschmid, directeur du MICR et initiateur du projet, il s’agit de « partager un patrimoine photographique exceptionnel conservé au cœur de la Genève internationale. Il nous permet de poser un regard différent sur les images de conflits ou de catastrophes qui font l’actualité quotidienne de nos médias. Dans le domaine humanitaire, une image vaut mille mots ».

Deux frères se sont retrouvés, après une séparation de plus de 20 ans. Cecilia Goin, Sinnar, Soudan, 2007 © CICR

En parallèle à l’exposition Un monde à guérir, le MICR présente une vidéo d’Henry Leutwyler produite en 2021 à l’occasion de la Biennale de la photographie de Genève, NO’PHOTO. A noter aussi que l’exposition, co-produite en partenariat avec les Rencontres de la photographie d’Arles, y sera présentée lors de l’édition 2022 du festival.

Laura Hunter