Extrême droite et extrême gauche en tête du 1er tour de la présidentielle chilienne — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Nous allons retrouver la paix, l’ordre, le progrès et la liberté », a déclaré devant des centaines de partisans le chef du parti républicain (extrême droite), admirateur du président brésilien Jair Bolsonaro et de l’Américain Donald Trump.

« Nous avons entendu une majorité de Chiliens qui veulent un pays en paix et sûr », a ajouté ce père de neuf enfants, qui entend maintenir le modèle ultralibéral hérité de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Favoris des sondages

Gabriel Boric, candidat de la coalition de gauche « Apruebo dignidad », qui comprend notamment les communistes, a défendu de son côté « un projet transformateur, sérieux et responsable, qui garantit la meilleure qualité de vie pour vous tous ».

« Nous ne sommes pas descendus dans la rue pour que tout reste pareil », a lancé à ses partisans l’ex-dirigeant de la fédération des étudiants de l’université du Chili, en référence à la vague de contestation sociale sans précédent qui a secoué le Chili à la fin 2019.

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Les deux hommes, qui se situent en dehors des coalitions de droite et de centre-gauche ayant gouverné le pays depuis la fin de la dictature, étaient les favoris des sondages pour se qualifier pour le second tour du 19 décembre.

Quinze millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour départager sept candidats à la présidence, renouveler la totalité de la chambre des députés, la moitié du Sénat, ainsi que les conseils régionaux.

Pays en plein doute

L’élection présidentielle se déroule dans un Chili en plein doute, deux ans après la descente dans la rue de dizaines de milliers de manifestants pour réclamer une société plus juste dans ce pays riche en cuivre, mais parmi les plus inégalitaires au monde, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Une nouvelle constitution, revendication forte des manifestants en 2019, est également en cours de rédaction. L’élection en mai de l’assemblée chargée de rédiger le texte avait déjà mis en évidence le recul des partis politiques traditionnels au profit d’indépendants, reflétant une profonde crise de confiance institutionnelle.

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« Chemin de la modération »

Gabriel Boric, plus jeune candidat à la présidentielle de l’histoire du pays, peut compter sur le soutien de millions de Chiliens, dont de nombreux jeunes, qui aspirent à plus d’égalité et un rôle accru de l’Etat dans les secteurs de l’éducation et de la santé.

Mais les derniers mois ont aussi vu une montée inédite de l’extrême droite dans les sondages, nourrie par la persistance des violences des protestataires les plus radicaux et les préoccupations croissantes des électeurs pour l’immigration illégale et la criminalité.

D’autant que la pandémie de Covid-19 a fait monter le chômage, creusé la dette et que l’inflation avoisine désormais 6%, une nouveauté dans ce pays, après des décennies de stabilité politique et économique.

Le président conservateur, Sebastian Piñera, 71 ans, qui ne pouvait pas se représenter après deux mandats (2010-2014, 2018-2022), a appelé les candidats à prendre le « chemin de la modération et non de la polarisation ».

ats/vajo