Enquête sur la charge israélienne lors des obsèques de Shireen Abu Akleh — Genève Vision, un nouveau point de vue

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A la sortie du cercueil de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville également occupé par Israël, la police a fait irruption dans l’enceinte de l’établissement et chargé une foule brandissant des drapeaux palestiniens.

Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs frappés par des policiers armés de matraques avant d’être rattrapé in extremis, selon des images retransmises par les télévisions locales.

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Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de 33 blessés et la police israélienne de six arrestations. La foule de Palestiniens a pu ensuite accompagner le cercueil vers une église de la Vieille Ville où une messe a été célébrée, puis au cimetière.

« Violence des émeutiers » mise en avant

« Le commissaire de la police israélienne, en coordination avec le ministre de la Sécurité publique, a ordonné une enquête sur l’incident. Les conclusions seront présentées au commissaire dans les prochains jours », a indiqué la police dans un communiqué.

Elle a répété que les policiers « avaient été exposés à la violence des émeutiers, ce qui les a poussés à recourir à la force ».

Nombreuses réactions internationales

Les images de la charge de la police circulant en boucle sur les réseaux sociaux ont provoqué un tollé international. « Nous avons été profondément troublés par les images de l’intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire », a dit le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

L’Union européenne, de son côté, a condamné « l’usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne ».

Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « profondément troublé ». « Le meurtre » de la journaliste de 51 ans a été condamnée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a réclamé « une enquête transparente et impartiale ».

L’Autorité palestinienne, la télévision du Qatar Al Jazeera et le gouvernement du Qatar ont accusé l’armée israélienne d’avoir tué la journaliste.

Appel à une enquête internationale

Samedi, Hussein al-Cheikh, un ténor de l’Autorité palestinienne, a déclaré sur Twitter « accueillir la participation de tous les organismes internationaux » à sa propre enquête sur l’assassinat de Shireen Abu Akleh.

Ces derniers mois, l’armée israélienne a lancé plusieurs opérations à la recherche de suspects palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes d’où étaient originaires des auteurs d’attaques meurtrières en Israël.

Lire: Trois morts dans une attaque à Elad, dans le centre d’Israël

afp/oang

« La charge israélienne rappelle l’apartheid »

La charge de la police israélienne aux funérailles de Shireen Abu Akleh rappelle douloureusement les sombres heures de l’apartheid en Afrique du Sud, a dénoncé la Fondation Desmond Tutu dans un communiqué samedi.

Ces scènes, où l’on voit les forces de sécurité israéliennes matraquer les porteurs du cercueil « font froid dans le dos, rappelant la brutalité infligée aux personnes endeuillées lors de funérailles de militants contre l’apartheid », a affirmé Mamphela Ramphele, présidente de la fondation, en regrettant « la violence, le sentiment de haine et le mépris de la dignité humaine » affichés.