En vidéoconférence, Biden menace Poutine de sanctions sur l'Ukraine — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Je vous salue, monsieur le président », a dit Vladimir Poutine, souriant, assis à une longue table, face à un écran sur lequel apparaissait son homologue. Le président russe se trouvait dans sa résidence de Sotchi, station balnéaire au bord de la mer Noire.

Le président américain a participé à la conversation depuis la « Situation Room » de la Maison Blanche, salle ultra-sécurisée d’où l’exécutif américain pilote les interventions militaires sensibles, et fermée aux journalistes.

Voir le sujet du 19h30: Sommet USA-Russie: Les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine se rencontrent virtuellement pour tenter de désamorcer les tensions autour de l’Ukraine

Soutien américain à l’intégrité territoriale de l’Ukraine

Selon un communiqué de la Maison Blanche, Joe Biden a exprimé auprès de Vladimir Poutine ses vives préoccupations face aux actions russes en Ukraine. Il a prévenu le président russe que Washington et ses alliés répondraient par des mesures économiques fortes en cas d’escalade militaire.

Le président américain a réaffirmé son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine, appelant à la désescalade et au retour à la voie diplomatique entre Moscou et Kiev.

L’Union européenne est elle aussi prête à adopter des sanctions supplémentaires contre la Russie, a prévenu mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Lire aussi: Dialogue à haut risque entre Joe Biden et Vladimir Poutine pour éviter l’escalade en Ukraine

L’espoir envolé d’une relation stable entre Moscou et Kiev

Mais l’espoir du président américain d’établir une relation « stable » et « prévisible » avec la Russie, exprimé en juin lors d’un sommet en personne entre les deux hommes à Genève, semble avoir vécu, au moins pour le moment.

Washington, l’Otan et Kiev accusent Moscou de masser des troupes à la frontière avec l’Ukraine en vue d’attaquer le pays. Le scénario rappelle 2014 et l’annexion russe de la péninsule de Crimée, puis le déclenchement dans l’est ukrainien d’un conflit armé qui a fait plus de 13’000 morts.

Le Kremlin dément tout projet d’invasion. Et Moscou reproche à Washington de négliger ses propres préoccupations: l’activité accrue des pays de l’Otan en mer Noire, la volonté ukrainienne de rejoindre l’alliance atlantique et l’ambition de Kiev de s’armer auprès de l’Occident.

Au-delà de l’Ukraine, la stabilité stratégique et le contrôle des armements nucléaires, les piratages informatiques et la cybersécurité, ou encore le nucléaire iranien figuraient sur la liste des sujets susceptibles d’être débattus mardi.

Agences/oang

Les alliés européens informés

Dans la foulée de sa conversation avec Vladimir Poutine, Joe Biden a téléphoné au président français Emmanuel Macron, à la chancelière allemande Angela Merkel, et aux premiers ministres italien Mario Draghi et britannique Boris Johnson. Il avait déjà parlé à ces mêmes alliés lundi et convenu de rester « en contact étroit ».

Joe Biden doit également rendre compte de la conversation au président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les Etats-Unis, accusés de faire cavalier seul lors du retrait d’Afghanistan et de mener certains dossiers internationaux sans trop d’égards pour leurs alliés, insistent lourdement sur leur étroite coordination avec les Européens et les Ukrainiens.

Un sommet en forme de succès pour la Russie

La tenue de ce sommet virtuel Biden-Poutine est déjà un succès pour la Russie, qui se veut une puissance géopolitique incontournable.

Elle arrache ainsi, au moins temporairement, le président américain à sa grande priorité stratégique, la rivalité avec la Chine.

Cela faisait quelques semaines que le Kremlin réclamait un face-à-face entre les deux présidents.

Joe Biden et Vladimir Poutine sont convenus que leurs équipes resteraient en contact pour effectuer le suivi de cet entretien.