En Pologne, la coalition de droite au pouvoir s'effrite — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Jaroslaw Gowin et son parti sont depuis des mois en désaccord avec PiS, notamment au sujet d’une grande réforme économique à venir, mais son départ ne signifie pas que le gouvernement s’effondre automatiquement car il faudrait un vote formel de défiance du parlement.

Majorité menacée

Le parti de Jaroslaw Gowin dispose de dix députés à la chambre basse du Parlement et sa démission pourrait pousser PiS à chercher la majorité chez d’autres petits partis, dont l’extrême droite, ainsi que chez des députés sans partis et des députés de l’Entente.

« Je ne suis pas convaincu que nous allons perdre la majorité à cause de cela, je suis convaincu qu’il y aura des gens dans la droite unie et dans le reste du parlement polonais qui soutiendront les réformes bénéfiques que nous avons proposé », a déclaré le porte-parole du gouvernement Piotr Müller.

Selon Radoslaw Fogiel, un député de PiS, certaines décisions de Jaroslaw Gowin « n’étaient pas partagées par ses collègues ». « Nous espérons qu’ils continueront ce projet avec nous. »

Le porte-parole du gouvernement a reproché à Jaroslaw Gowin de ne pas avoir suffisamment fait avancer les travaux sur une grande réforme économique. « Les actions du vice-Premier ministre Gowin sapent la confiance dans les actions du gouvernement », a-t-il constaté.

Volet fiscal contesté

Jaroslaw Gowin s’oppose au volet fiscal de cette réforme à venir qui, selon lui, devrait principalement toucher la classe moyenne.

« Nous avons annoncé que la droite unie n’augmenterait pas les impôts. Cependant, le projet de loi fiscale récemment présenté par le Premier ministre Mateusz Morawiecki signifie une augmentation drastique des impôts », a-t-il déclaré, indiquant avoir appris sa démission par les médias, Piotr Müller l’ayant annoncée lors d’une conférence de presse.

Jaroslaw Gowin s’oppose également à une proposition de loi qui pourrait forcer le groupe américain Discovery à vendre la majeure partie de sa participation dans le principal réseau de télévision privé polonais TVN. Selon lui et l’opposition, le texte qui devrait être voté mercredi menace la liberté de parole en Pologne.

Mardi soir, des protestations contre cette loi ont eu lieu dans tout le pays. « Il y a quelque chose de symbolique dans le fait que ma démission soit annoncée à un moment où des manifestations ont lieu partout en Pologne contre la loi dite lex TVN », a estimé Jaroslaw Gowin. « Cette loi viole clairement le principe de la liberté des médias. »

Selon lui, « lex TVN nous pousse vers un conflit avec les États-Unis, qui sont l’allié le plus important du point de vue de la défense ».

ats/iar