En Guinée, les putschistes convoquent autoritairement les anciens ministres — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Les forces spéciales guinéennes conduites par leur commandant, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, disent, images à l’appui, avoir capturé le chef de l’Etat pour mettre fin à « la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique » ou encore « l’instrumentalisation de la justice (et) le piétinement des droits des citoyens ».

Une vidéo saisissante de Alpha Condé, diffusée par les putschistes, le montre calme, mais défait en jeans et chemise dans un canapé. Les putschistes ont assuré qu’il était en bonne santé et bien traité.

Relire: Des putschistes affirment avoir capturé le président Alpha Condé en Guinée

Dissolution des institutions

Les militaires affirment vouloir rendre « la politique au peuple ». Ils ont proclamé dissoudre le gouvernement, les institutions et la Constitution qu’avait fait adopter Alpha Condé en 2020 et dont il s’était servi pour se présenter la même année à un troisième mandat, malgré des mois de contestation meurtrière. Ils ont promis une période de transition, à la manière du voisin malien, théâtre d’un putsch lui aussi récemment. Ils ont annoncé un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes.

Dans la soirée, ils ont annoncé au journal télévisé remplacer les ministres par les secrétaires généraux de chaque ministère, et les préfets, sous-préfets et gouverneurs de région par des militaires. Ils ont appelé les fonctionnaires à « reprendre le travail dès ce lundi ».

Scènes de joie dans la capitales

Leur coup de force surprise parachève des mois de grave crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19, sous la présidence très personnalisée, autoritaire selon ses détracteurs, du président Condé, au pouvoir depuis 2010 mais de plus en plus isolé.

Aucun incident majeur n’a été signalé dans la nuit de dimanche à lundi. L’apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de joie dans différents quartiers de la capitale (lire encadré sur les réactions internationales), notamment dans les banlieues réputées favorables à l’opposition.

afp/vajo

Large réprobation la communauté internationale
Le coup de force a en revanche suscité une large réprobation internationale, du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’Union africaine en passant par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Union européenne.

La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l’appel à « la libération immédiate et sans condition du président Condé ».

#Guinée | La France se joint à l’appel de la CEDEAO pour condamner la tentative de prise de pouvoir par la force, demander le retour à l’ordre constitutionnel et appeler à la libération immédiate et sans condition du Président Condé.

Déclaration ➡️ https://t.co/w67SC1q6fI pic.twitter.com/LI2F4vZHzp

— France Diplomatie🇫🇷 (@francediplo) September 5, 2021

Les Etats-Unis ont également condamné le coup d’Etat qui, ont-ils prévenu, pourrait « limiter » la capacité américaine à soutenir la Guinée.

Pas encore de réaction des dirigeants de l’opposition
Les principaux dirigeants de l’opposition guinéenne ne se sont pas encore véritablement prononcés sur les évènements.

Mais le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a pris acte de « l’arrestation du dictateur » et des déclarations des militaires sur la Constitution.