Des soldats maliens et des combattants probablement russes ont exécuté 300 civils, dit HRW — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Ces faits sont « le pire épisode d’atrocités » commises depuis le déchaînement des violences au Mali en 2012, dit l’organisation, qui cite 27 personnes informées des événements, dont 19 survivants et témoins.

New @hrw report reveals how Malian army forces + foreign soldiers – identified by several sources as Russians – summarily executed about 300 civilian men, some of them suspected Islamist fighters, in #Mali in late March.
Urgent need for credible inquiry. https://t.co/I2LjqBNPBK pic.twitter.com/s4eWeAWnHv

— Ida Sawyer (@ida_sawyer) April 5, 2022

Condamnation internationale

Aucune réaction à ce rapport n’a été obtenue dans un premier temps des autorités dominées par les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020.

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Alors que les messages se multipliaient sur les réseaux sociaux, elles ont donné vendredi une toute autre version des événements de Moura, parlant d’opération qui avait permis d’abattre 203 membres de « groupes armés terroristes », et d’en arrêter 51 autres. Elles se sont inscrites en faux contre des « spéculations diffamatoires ».

Mais la Mission de l’ONU au Mali, les Etats-Unis, l’Union européenne et la France ont exprimé leur préoccupation devant les informations remontant de Moura.

« Le gouvernement malien doit de façon urgente et impartiale ouvrir une enquête sur ces meurtres de masse, y compris sur le rôle de soldats étrangers », dit la directrice pour le Sahel à HRW. Pour la crédibilité de ces investigations, les autorités doivent se faire assister de l’Union africaine et des Nations unies, ajoute-t-elle.

Arrivée en hélicoptères

Les événements de Moura ont commencé le 27 mars par l’arrivée en hélicoptères de combattants en pleine foire aux bestiaux, dit HRW. Ils auraient alors échangé des tirs avec une trentaine d’islamistes armés qui se trouvaient dans la foule; plusieurs islamistes, quelques civils et deux combattants étrangers auraient été tués.

Moura est décrite comme une localité passée, comme beaucoup d’autres au Mali, sous la coupe de groupes affiliés à Al-Qaïda.

Avec des renforts transportés par hélicoptères, les soldats maliens et les combattants étrangers ont pris le contrôle de Moura, relatent les témoins cités par HRW.

Les étrangers, blancs de peau, sont assimilés à des Russes, parce qu’ils ne parlent pas français et qu’il a beaucoup été question dans les médias, y compris de la part des autorités, de l’arrivée de combattants russes ces derniers mois pour aider à lutter contre les djihadistes.

« Crime de guerre »

Ils auraient ratissé la localité, « exécutant » un certain nombre de personnes et en capturant des centaines d’autres. Les jours suivants, ils auraient exécuté par balles et par petits groupes des dizaines de captifs peut-être en fonction de leur tenue vestimentaire, parce qu’ils portaient la barbe suivant des règles édictées par les djihadistes ou en raison de leur appartenance ethnique.

« La grande majorité » des hommes, exécutés aussi bien par des soldats maliens que blancs, étaient Peuls, un groupe dans lequel les djihadistes ont largement recruté, dit HRW. « Tuer délibérément ou maltraiter un individu en détention est un crime de guerre », dit HRW.

Des civils ont été forcés de creuser des fosses communes avant d’être exécutés, écrit HRW. Certaines dépouilles ont été brûlées au point d’être méconnaissables, ajoute HRW.

ats/vajo