Des opposants camerounais manifestent à Genève malgré l'interdiction — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Nous allons montrer aux colons suisses que nous ne sommes pas venus pour rien », a scandé l’un des opposants. Accusée de protéger un « dictateur génocidaire » auquel les manifestants attribuent 30’000 victimes contre la minorité anglophone dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays, la Suisse a été priée de ne plus laisser le président entrer sur son territoire.

« Paul Biya tue son propre peuple et vient se faire soigner en Suisse. Nous disons non », criait l’un deux, venu à deux mètres des membres des forces de l’ordre. Le président de 88 ans est arrivé dimanche à Genève pour l’un de ses voyages privés réguliers à l’hôtel Intercontinental, dénoncés par les opposants.

Face à face avec la police

Les Camerounais s’en sont pris également à la police, plusieurs d’entre eux invectivant les forces de l’ordre. Les multinationales actives dans le commerce des matières, établies à Genève, ont aussi été ciblées.

En milieu d’après-midi, manifestants et policiers anti-émeutes se faisaient face déjà depuis une heure et demie, à quelques dizaines de mètres de distance. Le « général » des opposants a demandé à parler aux autorités, en vain.

Maniant les discours de haine à l’égard du chef de l’Etat, les manifestants n’étaient pas entamés par cette guerre de position. « Laissez les policiers se fatiguer », scandait l’un deux. « Nous avons l’habitude » de la chaleur, ajoutait-il. Chants, sifflets et animations se poursuivaient sans interruption.

Autorisée, puis interdite

Autorisée en début de semaine, la manifestation a ensuite été interdite par le canton, en raison de « possibles débordements » comme lors du précédent rassemblement contre le président camerounais il y a deux ans. La police, qui avait recommandé à la population de fermer ses fenêtres et de ne pas se déplacer dans le quartier, quadrillait la zone.

Après l’interdiction de leur rassemblement, les organisateurs avaient déposé vendredi soir un recours devant le Tribunal administratif. Mais celui-ci « n’a pas d’effet suspensif », a expliqué à Keystone-ATS une chargée de communication du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES).

Il y a deux ans, lors du précédent séjour du président camerounais, des violences avaient été observées entre pro-Biya et opposants, nécessitant l’intervention de la police. Un journaliste suisse avait été molesté et dépouillé par les gardes du président camerounais. Ceux-ci avaient été condamnés par la justice genevoise à des peines de prison avec sursis.

ats/asch