De la farine d'insectes pour remplacer le poisson des animaux d'élevage — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

L’an passé, dans le monde, 5 millions de tonnes de poisson ont été transformées pour nourrir volailles, porcs et poissons, avec pour conséquence une surpêche. Celle-ci est responsable de l’agonie de milliers de familles locales de pêcheurs qui perdent leur travail à cause des grandes entreprises.

Comme le poisson se fait rare, il est temps de trouver des alternatives au poisson pour nourrir les animaux d’élevage. Par exemple, le Sénégal mise désormais sur la farine d’insectes.

La pêche, une ressource pour vivre

Avec 700 kilomètres de littoral, les Sénégalais ont toujours compté sur l’océan pour se nourrir. Et pour cause: ce sont 600’000 personnes qui vivent de la pêche, soit 17% de la population active.

Modou, pêcheur, raconte dans le 19h30 qu’avant « il y avait toujours du poisson, mais maintenant il n’y en a plus suffisamment pour nourrir tout le monde ».

Et cela rend la vie difficile à lui et aux autres pêcheurs. « Je suis en souffrance. Pour nourrir ma famille, c’est très difficile. Un jour, ça peut aller mais le lendemain on souffre à nouveau », déplore-t-il.

Trouver des alternatives

Un projet pour trouver d’autres formes de nourriture pour les animaux est né grâce aux financement de l’institut français de recherche pour le développement. Avec l’ISRA (Institut sénégalais de recherche agricole), ils ont créé une unité de production de farines d’insectes.

Elle repose sur l’élevage de deux espèces de mouches: la mouche domestique et la mouche soldat noir. « On les met dans des volières pour produire des larves », explique Waly Ndiaye, chercheur à l’ISRA, en présentant le processus de fabrication de la farine d’insectes.

Lire aussi: La viande cultivée en laboratoire séduit l’industrie alimentaire

Aussi nutritif et plus écologique que le poisson

Les larves de mouches ont un apport nutritionnel en protéines équivalent à celui du poisson mais ont l’avantage d’avoir un impact minime sur l’écosystème.

Sur le plan environnemental aussi les mouches sont plus performantes que le poisson. Par exemple, pour un kilo de farine d’insectes produit, c’est deux cents fois moins d’eau utilisée que pour un kilo de farine de soja.

Selon Patrice Brehmer, chercheur à l’IRD, l’Institut de recherche pour le développement, « la farine d’insecte est la protéine animale qui a la plus faible empreinte carbone de la planète. En se substituant à la farine de poisson, elle devrait donc réussir à diminuer la surexploitation ».

Selon une étude néerlandaise, le marché mondial des protéines d’insectes destinées à l’alimentation animale devrait atteindre les 500’000 tonnes d’ici à 2030 contre 10’000 tonnes aujourd’hui. La farine d’insectes pourrait donc également être une solution pour répondre à la croissance continue de la population mondiale.

Voir aussi le décryptage de Pascal Jeannerat

Sujet TV: Pierre Morel

Adaptation web: Julie Marty