Crash du vol Rio-Paris: Airbus et Air France relaxés par la justice française — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Leurs avocats ont plaidé la relaxe, une « décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée », selon le conseil d’Airbus.

« Nous attendions un jugement impartial, ça n’a pas été le cas. Nous sommes écoeurés », a réagi Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447 qui représente les proches des victimes. « Il ne reste de ces 14 années d’attente que désespérance, consternation et colère ».

« On nous dit: +responsable mais pas coupable+. Et c’est vrai que nous, on attendait le mot +coupable+ », a déclaré Me Alain Jakubowicz, un de leurs avocats.

Chute dans l’Atlantique

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’était abîmé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage.

A bord de l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens.

Cet accident est le plus meurtrier de l’histoire des compagnies aériennes françaises.

Les premiers débris ont été retrouvés dans les jours suivants le crash. Mais l’épave n’a été localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3900 mètres de profondeur.

Une des boîtes noires de l’A330 d’Air France repêchée dimanche 01.05.2011. [Johann Peschel – AP/Keystone]

Givrage des sondes de vitesse Pitot

Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l’accident: le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l’avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du « Pot au noir », près de l’équateur.

Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l’un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l’incompréhension, les trois pilotes n’ont pas réussi à reprendre le contrôle de l’avion qui a décroché et heurté l’océan 4 minutes et 23 secondes plus tard.

Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s’étaient multipliés dans les mois précédant l’accident.

Des « imprudences »

Pour le tribunal, Airbus a commis « quatre imprudences ou négligences », notamment ne pas avoir fait remplacer le modèles des sondes Pitot dites « AA », qui semblait geler plus souvent, sur la flotte A330-A340, et le fait d’avoir fait preuve de « rétention d’information » par rapport aux compagnies.

Air France a commis deux « imprudences fautives », liées aux modalités de diffusion d’une note d’information adressée à ses pilotes sur la panne des sondes.

Néanmoins, selon le tribunal, sur le plan pénal, « un lien de causalité probable n’est pas suffisant pour caractériser un délit. En l’espèce, s’agissant des fautes, aucun lien de causalité certain n’a pu être démontré avec l’accident ».

Lors du procès qui s’est déroulé du 10 octobre au 8 décembre, le parquet avait requis la relaxe, estimant que la culpabilité des entreprises était « impossible à démontrer ».

agences/nr

Réactions d’Airbus et d’Air France

Air France « prend acte du jugement », selon un communiqué. « La compagnie gardera toujours en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l’ensemble de leurs proches ».

Airbus a estimé que cette décision était « cohérente » avec le non-lieu prononcé à la fin de l’instruction en 2019. Le groupe « exprime » lui aussi sa « compassion » aux proches des victimes, et « réaffirme (son) engagement total (…) en matière de sécurité aérienne ».