Covid, climat et besoins humanitaires: la Croix-Rouge s’alarme à Genève — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Alors que la pandémie faisait rage, les sécheresses en Afghanistan, les inondations en Europe et les ouragans en Amérique latine ont détruit les moyens de subsistance de nombreuses personnes, les laissant sans maison, sans nourriture, ou encore sans accès aux soins. Au moins 433 catastrophes météorologiques ont eu lieu entre mars 2020 et août 2021, d’après ces mêmes conclusions.

«La situation humanitaire s’aggrave et frappe tout le monde, mais les plus vulnérables en paient le prix fort», a ajouté Francesco Rocca.

Les confinements et autres restrictions liées à la pandémie ont ralenti l’économie mondiale, poussant des populations déjà fragiles aux portes de la pauvreté. Là où des phénomènes météorologiques extrêmes avaient laissé les gens sans accès à la nourriture ou à l’eau potable, les difficultés financières causées par la pandémie les ont exposés davantage encore à la famine et aux maladies.

Ce rapport de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) arrive alors que les dirigeants de la planète s’apprêtent à se réunir la semaine prochaine à New York pour la réunion de haut niveau des Nations Unies, et moins de deux mois avant le sommet sur le climat de la COP26, où les pays discuteront des défis mondiaux et de la manière de faire face à la crise climatique.

Les pays riches ont promis de soutenir les pays pauvres dans leur lutte contre l’urgence climatique et la pandémie, mais ils n’ont pas encore réussi à tenir leurs promesses. L’engagement à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face aux défis posés par la hausse des températures il y a 12 ans, n’a pas atteint son objectif.

Malgré les discours politiques soulignant la nécessité d’une reprise «verte» après la pandémie, seule une petite part de l’argent consacré à l’aide liée au Covid-19 a pour le moment été dédiée à des mesures respectueuses du climat.

«Les gouvernements doivent s’engager à investir dans des systèmes d’adaptation et d’anticipation communautaires. Et ces systèmes doivent être financés et mis en œuvre au niveau local», a précisé Francesco Rocca.

La distribution inégale de vaccins et les efforts insuffisants des pays riches pour fournir un soutien financier au programme Covax, soutenu par l’OMS, ont également suscité des critiques. Alors que l’Europe a entièrement vacciné plus de 70% de sa population adulte, en Afrique, moins de 3 % ont reçu leurs doses.

«C’est extrêmement frustrant lorsque nous parlons d’équité en matière de vaccins », a-t-il ajouté, soulignant qu’il était «injuste» que les pays riches envisagent déjà d’administrer une troisième dose «de rappel» à leurs populations alors que les populations pauvres de certains pays n’ont eu accès à aucune.

«Les négociations en cours à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19, et les discussions avec les sociétés pharmaceutiques, sont capitales pour permettre l’accès aux populations les plus pauvres», a-t-il conclu.

Article de Michelle Langrand pour Geneva Solutions, traduit de l’anglais par Katia Staehli