Comment les grandes puissances reconfigurent leur influence en Afrique — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Pour ces raisons, de plus en plus de puissances s’intéressent à ce continent et souhaitent y exercer une influence. A commencer par la Russie qui s’est réinvestie sur le continent depuis les années 2000, mais qui opère une politique plus agressive depuis 2014, année de l’annexion de la Crimée. Objectif: limiter son isolement sur la scène internationale.

Influence médiatique de la Russie

La Russie dispose en Afrique de quatre leviers d’influence, explique Aurélie Vittot. « Il y a l’action militaire qui s’illustre par la présence de sociétés militaires privées comme Wagner ou la fourniture d’armes, mais aussi une action économique avec l’exportation de céréales et d’engrais ».

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Le troisième volet concerne l’action diplomatique avec l’organisation de plusieurs sommets Russie-Afrique depuis 2019. Enfin, dernier volet: l’action informationnelle. « Là-dessus, la Russie est très forte, souligne Aurélie Vittot. Elle dispose d’une influence médiatique avec des sites comme Sputnik. Le pays met également en place des opérations de désinformation à travers les réseaux sociaux. Cette influence fait beaucoup de mal aux puissances occidentales ».

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Etats-Unis, Inde et Turquie

Autre grande puissance essayant de reprendre du terrain en Afrique: les États-Unis. Ces derniers restent le premier pourvoyeur de sécurité sur le continent avec la présence d’environ 7000 hommes sur place. Aujourd’hui, il y a deux enjeux, explique la spécialiste: « Lutter contre le terrorisme et contenir la présence de la Russie et de la Chine en Afrique. Il semblerait que le président Joe Biden se focalise sur ces deux volets ».

L’Inde et la Turquie voient également en l’Afrique un partenaire social intéressant. Avec sa diaspora de trois millions d’habitants (là où la Chine n’en compte qu’un million), l’Inde dispose d’un atout majeur sur le continent. La Turquie, de son côté, se positionne davantage comme pourvoyeur de sécurité, notamment avec ses exportations de drones.

« Un jeu de compétition »

Comment cette influence est-elle perçue en Afrique? « Les pays africains tiennent pour la plupart à leur position de pays ‘non alignés’ », répond la spécialiste. Cela, afin d’éviter de choisir un camp.

L’enjeu majeur pour les pays africains est de diversifier leurs partenariats et ainsi faire pression sur les pays qui souhaitent investir. « En effet, en disposant de plusieurs partenaires, on peut les faire entrer en compétition et ainsi obtenir les meilleurs conditions possibles », souligne Aurélie Vittot.

Le débat dans Forum entre Antoine Glaser et Lova Rinel

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/hkr