Collection Bührle: indignée, Miriam Cahn veut retirer ses œuvres du Kunsthaus de Zurich — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Je souhaite retirer toutes mes œuvres du Kunsthaus de Zurich. Je vais les racheter au prix de vente d’origine », souligne l’artiste âgée de 72 ans, de confession juive.

« Aveuglement historique »

La décision de Miriam Cahn fait suite aux explications données par le Kunsthaus et la Collection Bührle la semaine dernière lors d’une conférence de presse. Ces derniers ont maintenu leur position face aux critiques formulées sur les recherches de la provenance de la collection et la documentation présentée sur le sujet au Kunsthaus. Des experts indépendants vont être mandatés pour vérifier l’établissement correct des faits.

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L’artiste reproche au musée son « aveuglement historique » et un manque de sensibilité. « Acheter de l’art ne blanchit pas. Collectionner de l’art ne rend pas un être humain meilleur », souligne Miriam Cahn. Et de critiquer la « situation louche » liant, selon elle, le Kunsthaus de Zurich, la Société d’art du Kunsthaus, la ville et des scientifiques « depuis des décennies », qui a abouti au « stupide contrat de prêt » de la collection Bührle au Kunsthaus.

Le parcours douteux d’Emil Georg Bührle

L’intégration de la Collection Bührle dans le nouveau bâtiment du Kunsthaus, inauguré cet automne, a suscité la polémique sur la présentation de sa provenance. En vendant des armes à l’Allemagne notamment, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, l’industriel Emil Georg Bührle est devenu l’homme le plus riche de Suisse. Il est décédé en 1956.

Sa fortune lui a permis de se constituer une collection d’art qu’il a léguée à la fondation qui la gère depuis 1960. Quelques œuvres ont été restituées ou rachetées en raison de leur provenance suspecte.

Indignation face à la méthode

Miriam Cahn cite notamment le Kunstmuseum de Berne et le Kunstmuseum de Bâle en exemple dans la clarification de la provenance des œuvres qu’ils exposent. Elle déplore le fait que la Collection Bührle et le Kunsthaus fassent une différence entre le vol d’œuvres d’art et la vente d’art permettant de fuir l’Allemagne nazie.

La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a manifesté, elle aussi, son « indignation » la semaine dernière. Elle reproche au Kunsthaus et à la Collection Bührle d’avoir présenté une version « en partie très déformée des faits historiques ». Les deux institutions ont fait preuve d’ »une conscience historique douteuse » et d’un « nouveau positionnement peu sensible », selon la FSCI.

ats/aq