Christiane Taubira: „Les réseaux sociaux permettent de mettre les violences sexistes sur la table” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Julien Bayou, écologiste accusé de violence psychologique, a, par exemple, affirmé qu’il ne fallait « pas confondre féminisme et maccarthysme ». Pour l’ancienne ministre de la justice sous François Hollande, « au lieu d’incriminer » les réseaux sociaux, il faut « interroger les politiques publiques ».

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Manque de juridiction sur les violences sexistes

« Tant que les institutions seront défaillantes, ce seront les réseaux sociaux qui permettront que ces sujets restent sur la table. C’est dommage pour les débordements, les excès sont inévitables mais on ne peut pas prendre prétexte de cela et ne rien sanctionner », ajoute-t-elle.

Selon l’ancienne Garde des Sceaux, les associations féministes convergent pour dire qu’il faut un milliard d’euros pour faire basculer la culture sociale et relationnelle de la violence. Actuellement au niveau des juridictions, il n’y a que 10% de condamnations par rapport au nombre de plaintes en France.

« On sait que c’est une réalité massive dans la société et ce pourcentage est donc insatisfaisant. Pourquoi nous n’avons pas de juridiction spécialisée sur ce contentieux? », questionne-t-elle. Et de renchérir: « Si nous voulons combattre ce phénomène sérieusement et ne pas le traîner sur plusieurs générations, il faut le traiter judiciairement ».

« La moindre des décences est d’être solidaire »

Alors qu’en Iran depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre, les Iraniennes manifestent pour leur liberté, des femmes dans le monde entier ont soutenu leurs protestations. « En Iran, il y a une théocratie et la question du port du voile est emblématique. Ce sont des femmes qui prennent des risques, il y a des morts tous les jours. Le moins que nous puissions faire partout dans le monde est de nous mobiliser et d’interpeller nos gouvernants », explique Christiane Taubira.

Pour elle, le soutien des gouvernements est essentiel: « lorsque nous n’apportons pas de solidarité aux peuples en lutte, nous l’avons vu notamment avec les printemps arabes, ces manifestations peuvent être violemment réprimées et le malheur suit ».

Elle met en garde contre les gouvernements qui règlent leurs « querelles nationales sur le dos des peuples qui se mobilisent pour leur propre liberté ». « Il est indécent de parasiter les combats de peuples pour vouloir régler ses propres désaccords. La moindre des décences alors que nous ne sommes pas capables d’être efficaces, est d’être, au moins, solidaires », conclut l’ancienne ministre.

Ecouter Christiane Taubira sur la situation en Iran

Propos recueillis par Fanny Zürcher

Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva