Bruno Latour, une figure de la pensée écologiste, est décédé à l'âge de 75 ans — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Emmanuel Macron a loué dans un tweet « un esprit humaniste et pluriel, reconnu dans le monde entier avant de l’être en France » et la Première ministre, Elisabeth Borne, a salué les travaux du philosophe, qui « continueront d’éveiller les consciences ». Le Centre Pompidou a lui loué « un des philosophes français les plus influents dans le monde ».

Penseur de l’écologie, de la modernité ou de la religion, Bruno Latour était un esprit humaniste et pluriel, reconnu dans le monde entier avant de l’être en France. Sa réflexion, ses écrits, continueront de nous inspirer de nouveaux rapports au monde. Reconnaissance de la Nation.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 9, 2022

« La France, le monde et l’écologie perdent un immense intellectuel. Nous perdons un compagnon d’une extraordinaire humanité, un homme qui, à chaque échange, à chaque lecture, nous rendait plus intelligents, plus vivants ! », a écrit sur twitter l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.

Un intellectuel inclassable

Né le 22 juin 1947 à Beaune dans une famille de négociants en vins de Bourgogne, Bruno Latour, qui a passé une agrégation de philosophie puis s’est formé à l’anthropologie en Côte d’Ivoire, a été l’un des premiers intellectuels à percevoir l’enjeu de la pensée écologiste.

Pourtant, c’est d’abord dans le monde anglo-saxon que Bruno Latour est reconnu. Il était « le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français », selon le New York Times, dans un article paru en 2018. Récipiendaire du prix Holberg (2013) et du prix de Kyoto (2021) pour l’ensemble de ses travaux, Bruno Latour était un intellectuel inclassable, soucieux de l’enquête de terrain.

« Le capitalisme a creusé sa propre tombe »

Ce pilier de Sciences-Po, auteur de plusieurs essais parus en anglais avant d’être publiés en France, s’est longtemps intéressé aux questions de gestion et d’organisation de la recherche et, plus généralement, à la façon dont la société produit des valeurs et des vérités.

Il est l’auteur (seul ou en collaboration) d’ouvrages qui ne se bornent pas à la pure pensée de la crise climatique. Parmi eux: « La fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’état », « La Vie de laboratoire », « Nous n’avons jamais été modernes », « Les Microbes. Guerre et paix » (sur Louis Pasteur). Il a aussi été l’initiateur de projets institutionnels visant à décloisonner les sciences, via la fondation du Medialab de Science Po.

En 2021, lors de la parution de son ouvrage « Où suis-je? – Leçons du confinement à l’usage des terrestres » (La Découverte), son dernier livre, il confiait à l’AFP que les crises du changement climatique et de la pandémie ont brutalement révélé une lutte entre « classes géo-sociales ». « Le capitalisme a creusé sa propre tombe. Maintenant il s’agit de réparer ». Auteur de deux pièces de théâtre, Bruno Latour a aussi enseigné à l’étranger, notamment en Allemagne et aux États-Unis, où il a été professeur invité à Harvard.

Ecouter à ce sujet: Les « leçons du confinement » de Bruno Latour

ats/aps