Au Portugal, les socialistes remportent la majorité absolue aux législatives — Genève Vision, un nouveau point de vue

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L’ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans, est arrivé au pouvoir en 2015 en scellant une union de la gauche sans précédent depuis la révolution des oeillets de 1974, alors qu’il n’avait même pas gagné ces élections. Dimanche, il a offert au Parti socialiste (PS) la deuxième majorité absolue de son histoire.

Selon des résultats partiels portant sur toutes les circonscriptions sauf celles de l’étranger, qui élisent quatre députés, le PS est arrivé en tête avec 41,7% des voix et au moins 117 sièges sur un total de 230. « Une majorité absolue ce n’est pas le pouvoir absolu, […] c’est une responsabilité accrue », a déclaré Alberto Costa devant ses partisans. « C’est la victoire de l’humilité, de la confiance et pour la stabilité », a-t-il ajouté.

Lire: Au Portugal, la campagne des législatives s’achève dans l’incertitude

Percée de l’extrême droite

« Le PS doit gagner, car il faut de la stabilité. Ce n’est pas le moment pour un changement politique », a témoigné à l’AFP Catia Reis, une spécialiste des ressources humaines de 39 ans, après avoir voté à Lisbonne. « J’ai voté pour les socialistes, car nous avons besoin d’eux en ce moment difficile », a confié Manuel Pinto, un ancien menuisier de 68 ans.

Alors qu’il espérait pouvoir créer la surprise, le principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, droite) de Rui Rio, arrive en deuxième position avec 29,3% des voix.

Le parti d’extrême droite Chega (assez, en français) est pour sa part propulsé au rang de troisième force du pays, avec 7,15% des voix et 12 élus, alors qu’il ne comptait qu’un seul député dans le Parlement sortant.

Le Portugal a longtemps fait exception en Europe, car depuis la fin de la dictature en 1974 et jusqu’au dernier scrutin de 2019, ce pays de 10 millions d’habitants ne comptait aucun représentant de l’extrême droite au Parlement. « Les gens ont compris notre message », s’est réjoui le président de Chega, André Ventura, qui a jugé « mauvais pour le pays qu’António Costa continue d’être premier ministre ».

Les précision dans le 19h30 sur la progression de l’extrême droite:

Le Portugal renouvelle son parlement ce dimanche. L’extrême droite en forte progression

Plan d’investissements

Les libéraux, entrés au Parlement en 2019 avec un seul député, confirment, eux aussi, la forte progression prévue par les sondages, avec près de 5% de voix et huit élus. Ils devancent les deux formations de la gauche radicale, le bloc de gauche et la coalition communistes-Verts, sévèrement sanctionnés après avoir provoqué ce scrutin en rejetant le projet de budget 2022.

Pendant la campagne électorale, Antonio Costa n’a cessé de se targuer d’avoir « tourné la page de l’austérité » budgétaire mise en oeuvre par la droite jusqu’en 2015, sous la surveillance de la « troïka » (BCE-FMI-UE), en pleine crise de la dette.

Mais, alors que son gouvernement minoritaire comptait désormais « tourner la page de la pandémie » grâce à une couverture vaccinale record et au plan européen de relance post-Covid-19, il a été arrêté dans son élan par ses anciens alliés, qui lui réclamaient davantage de concessions en matière sociale.

Ayant désormais les coudées franches, Antonio Costa pourra mettre en oeuvre le plan d’investissements de 16 milliards d’euros financé par l’Union européenne. Au cours de son premier mandat, conclu avant la crise sanitaire, son gouvernement avait profité d’une conjoncture économique favorable pour supprimer les coupes salariales du temps de la « troïka », tout en affichant le premier excédent budgétaire de l’histoire récente du Portugal.

ats/ther