L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a défendu mardi sa politique vis-à-vis de la Russie. Elle estime ne pas avoir à « s’excuser » d’avoir misé sur la diplomatie et le commerce pour tenter d’éviter une guerre en Ukraine.
Mais elle a rejeté les critiques selon lesquelles sa politique ait pu y être pour quelque chose. Angela Merkel a assuré avoir été consciente depuis plusieurs années de la menace que faisait peser le président Vladimir Poutine sur l’Ukraine.
Le Journal de 6h30 / 1 min. / 08.06.2022
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Il était dans l’intérêt de l’Allemagne de « trouver un modus vivendi avec la Russie afin de ne pas nous retrouver dans un état de guerre » mais « de pouvoir co-exister malgré toutes nos différences », a estimé celle qui a régné pendant seize ans sur la première économie européenne.
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, l’ancienne cheffe de gouvernement de centre-droit s’est vue accusée d’avoir accru la dépendance de l’Europe à l’égard de l’énergie russe, notamment en promouvant la construction du gazoduc Nord Stream 2 malgré les réserves de ses partenaires européens et américains. Le pipeline, censé doubler la capacité d’approvisionnement de l’Allemagne en gaz russe, a été finalement suspendu depuis l’agression russe en Ukraine, sans avoir été mis en service.
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L’Allemagne a longtemps pratiqué la politique de la main tendue envers la Russie, suivant l’idée que le commerce induirait une démocratisation progressive du pays. Le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier, qui fut un ministre des Affaires étrangères de Angela Merkel, avait lui reconnu début avril avoir commis une « erreur » en soutenant la construction de ce gazoduc.
Rien de tel de la part d’Angela Merkel. « Je n’ai pas pensé que Poutine changerait grâce aux relations commerciales », a-t-elle toutefois assuré mardi, estimant que ce dernier avait tiré un trait sur la démocratie.
Mais il était évident à ses yeux que la Russie serait « toujours un voisin de l’Europe, qu’on ne pouvait pas totalement ignorer », a-t-elle argumenté lors de cette interview menée par un journaliste de l’hebdomadaire Der Spiegel dans un théâtre de Berlin.
Si un rapprochement politique n’est pas possible, « il était pertinent d’avoir au moins des relations commerciales », a-t-elle justifié. « Et je ne vais pas m’excuser » pour la ligne politique suivie ces dernières années, a-t-elle martelé.
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ats/ebz