Mais depuis sa prison située à 100 kilomètres de Moscou, il continue de s’exprimer, par l’intermédiaire de ses avocats. C’est apparemment à travers ces derniers que l’opposant diffuse ses textes, qui sont ensuite publiés sur Instagram.
On découvre alors un récit qui prend un peu la forme d’un journal intime, tissé à la fois de la vie quotidienne en prison, de réflexions de Navalny sur son sort et, évidemment, de commentaires politiques. Le ton est posé, parfois ironique, avec certains passages assez critiques sur Vladimir Poutine.
Exister à travers les murs
Des messages destinés en priorité à ses partisans et à l’espace public russe, à travers lesquels Alexeï Navalny continue de jouer son rôle d’opposant au Kremlin, mais aussi d’exister, simplement, derrière les murs de sa prison.
« Il n’a pas renoncé à toute activité politique, donc il essaie effectivement de se maintenir dans l’espace public russe dans une situation extrêmement contrainte », explique le Français Morvan Lalouett, co-auteur du livre « Alexeï Navalny: l’homme qui défie Poutine ».
Il cherche peut-être aussi à signifier qu’il ne pliera pas, même face aux humiliations et aux brimades quotidiennes. « Je ne pensais pas avoir autant de volonté », écrit-il par exemple. Des mots qui résonnent comme une provocation à Vladimir Poutine, qui semble toutefois le tolérer puisque ces messages parviennent à sortir de prison.
Image internationale de dissident
En France, ses textes sont traduits et publiés par le site internet Desk Russie. Il y a quelques jours, lors d’une soirée de soutien à Paris, certains d’entre eux ont même été lus par le comédien Mathieu Amalric.
Alexeï Navalny continue ainsi de se faire entendre également sur la scène internationale, sans toutefois que l’on sache toujours s’il s’agit d’une volonté de sa part, de son entourage ou de ses soutiens occidentaux.
Ce qui est certains, c’est qu’alors qu’il était initialement lanceur d’alerte anti-corruption, puis opposant politique, Alexeï Navalny a désormais une image de dissident, surtout en Occident. Un registre sur lequel ce très bon communicant peut encore capitaliser pour exister publiquement.
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Ariane Hasler/jop