Plus d’une centaine de pays se réuniront cette semaine à Genève pour discuter de la manière dont la coopération sur les cours d’eau transfrontaliers peut aider à relever les nombreux défis à venir causés par l’épuisement des ressources. Une analyse de Geneva Solutions.
De mercredi à vendredi, plus de 100 gouvernements participeront à la réunion organisée par la Convention sur l’eau de la CEE-ONU, un accord-cadre pour l’utilisation durable des ressources en eau transfrontalières, dont les bureaux sont basés à Genève.
Au moins 22 ministres de l’eau, de l’énergie ou de l’environnement, provenant notamment d’Estonie, de Croatie, du Ghana, du Guatemala, d’Iraq et de Moldavie, ont confirmé qu’ils viendront à Genève pour assister à l’importante session d’ouverture de la conférence. La Bolivie enverra son Vice-Président David Choquehuanca Céspedes, représentant le plus haut placé parmi tous les participants. Rejoints en ligne par une vingtaine d’autres ministres, les représentants des gouvernements se concentreront sur la meilleure manière de tirer parti de la coopération sur les ressources en eau transfrontalières au service de la paix et de la stabilité.
Un arc en ciel s'est forme dans le Jet d'eau à Genève (août 2020).
Plus de 263 rivières et lacs à travers le monde traversent une frontière. Ils abritent plus de 40% de la population mondiale et représentent 60% de l’eau douce du globe. Il existe environ 300 aquifères (ndlr: roche où circule l’eau des nappes phréatiques) transfrontaliers sur la planète.
Cela signifie que lorsqu’un cours d’eau transfrontalier ou un aquifère est pollué ou asséché dans un pays, cela a d’importantes conséquences pour les populations vivant de l’autre côté de la frontière. Le changement climatique, l’activité humaine et la croissance démographique exercent une pression supplémentaire sur ces ressources en eau, menaçant celles et ceux qui en dépendent pour l’eau potable, la nourriture ou le travail.
Toutefois, seuls deux tiers d’entre eux ont un accord de coopération entre gouvernements. Sur les 153 pays qui ont des ressources en eau partagées, seuls 24 ont conclu des accords pour celles-ci.
Initialement conçue comme un instrument régional, la Convention sur l’eau s’est ouverte à tous les pays en 2016. Le Ghana, le Tchad et le Sénégal l’ont rejoint depuis, et d’autres nations sont en train de le faire, dont le Togo et plusieurs pays africains. Environ 90% des rivières et des lacs d’Afrique sont partagés entre des pays.
Mardi, avant la conférence, les ministres de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de Mauritanie et du Sénégal se réuniront pour la première fois à Genève pour discuter officiellement de la coopération autour du bassin sénégalo-mauritanien que se partagent ces quatre pays d’Afrique de l’Ouest. Ce bassin, qui compte environ 15 millions d’habitants, est sous pression à cause d’une croissance démographique rapide et de l’augmentation de l’activité agricole.
Les ministres devraient s’entendre sur la création d’un organisme chargé de gérer cette ressource en eau de manière durable. Le Sénégal et la Mauritanie ont déjà signé un autre accord sur le fleuve Sénégal, avec la Guinée et le Mali.
Article de Michelle Langrand pour Geneva Solutions, traduit de l’anglais par Katia Staehli