À Doha, les talibans invitent les États-Unis à „ne pas déstabiliser” leur gouvernement — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Les Etats-Unis ont maintenu leurs contacts avec les nouveaux dirigeants de l’Afghanistan après leur prise de Kaboul, mais il s’agit de la première réunion en direct entre les deux délégations.

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« Problèmes pour le peuple »

Ainsi, après avoir accueilli pendant des années les pourparlers entre les talibans et les Etats-Unis, le Qatar continue de jouer un rôle de médiateur influent.

« Nous leur avons dit clairement que tenter de déstabiliser le gouvernement en Afghanistan n’est bon pour personne », a affirmé le ministre taliban des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi à l’agence de presse afghane Bakhtar.

« De bonnes relations avec l’Afghanistan profitent à tous », a-t-il poursuivi, indiquant que des tentatives d’ »affaiblir le gouvernement » pourraient « engendrer des problèmes pour le peuple ».

Les Etats-Unis veulent un « gouvernement inclusif »

La délégation des Etats-Unis n’a pas commenté dans l’immédiat les propos du ministre taliban. « Nous allons pousser pour que les talibans respectent les droits de toute la population, dont les femmes et les filles, et forment un gouvernement inclusif bénéficiant d’un large soutien », avait dit vendredi un porte-parole du département d’Etat en annonçant la rencontre.

« Au moment où l’Afghanistan fait face à la possibilité d’une grave récession économique et d’une crise humanitaire, nous allons aussi pousser pour que les talibans accordent un libre accès aux zones en difficulté aux agences humanitaires », a-t-il ajouté.

Pas de reconnaissance

La rencontre à Doha ne signifie en aucun cas que les Etats-Unis reconnaissent le régime taliban en Afghanistan, a insisté le département d’Etat.

Les représentants américains insisteront également sur la priorité de Joe Biden d’obtenir le départ d’Afghanistan des citoyens américains et Afghans ayant aidé l’armée américaine au cours des 20 ans de conflit.

afp/jop

Les violences religieuses continuent

Entre-temps, les violences continuent dans le pays. Vendredi, un attentat suicide meurtrier a fait près d’une centaine de morts et près de 200 blessés dans une mosquée chiite à Kundunz (nord-est). Le groupe Etat islamique (EI), déjà à l’origine d’un attentat à Kaboul le 3 octobre contre une autre mosquée qui a fait cinq morts, a revendiqué l’attaque.

La communauté chiite du pays, qui représente 10 à 20% de la population, est régulièrement visée par des attaques des groupes armés sunnites.

Pour les talibans, qui contrôlent l’ensemble de l’Afghanistan depuis la mi-août, la principale menace vient désormais de l’EI-K (Etat islamique au Khorasan), qui disposerait de 500 à quelques milliers de combattants sur le territoire afghan, selon l’ONU.

Cette organisation sunnite rivale des talibans est résolue à reprendre le monopole de la force et du djihad armé aux nouveaux maîtres du pays, qu’elle considère comme des « apostats ».