Le pouvoir inflexible en Biélorussie, un an après la présidentielle contestée — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Lors d’une rencontre annuelle avec la presse et des dignitaires du régime, baptisée « grande discussion », Alexandre Loukachenko a vanté lundi un scrutin « totalement transparent », en 2020, face à une opposition qui préparait un « coup d’Etat ».

« L’année n’a pas été facile », a-t-il dit en référence à la contestation réprimée depuis, estimant qu’elle avait représenté une « menace pour l’unité nationale ».

Aucune tentative de dialogue

Malgré des mois de manifestations d’ampleur, le régime n’a jamais cherché le dialogue, répondant par la force, emprisonnant des milliers de manifestants, arrêtant ou exilant toutes les figures de l’opposition.

Et la répression s’est encore accélérée cette année, alors que l’Union européenne et les Etats-Unis ont multiplié les sanctions contre le régime et ses responsables.

La plupart des médias indépendants et ONG ont été fermés. Minsk est même accusé d’avoir détourné à dessein un vol commercial en mai pour arrêter un opposant, si bien que la plupart des grandes compagnies aériennes évitent désormais son espace aérien.

« Jamais à genoux » face aux sanctions

Alexandre Loukachenko, qui s’est rapproché dans la foulée de son voisin russe, n’a eu de cesse de qualifier ses détracteurs de suppôts de l’Occident, qui, selon lui, veut renverser son régime pour pouvoir ensuite s’en prendre à Moscou et Vladimir Poutine.

Adepte de phrases chocs et de remarques désobligeantes, il se présente comme un rempart contre un conflit mondial entre Russes et Occidentaux. Loukachenko, dénonçant lundi les sanctions européennes et américaines, il a proclamé: « Nous ne nous mettrons jamais à genoux! ».

« On va continuer à se battre »

A Minsk, une chape de plomb s’est abattue sur les critiques du pouvoir. A force de répression, il n’y a plus de manifestations, alors qu’elles rassemblaient il y a moins d’un an des dizaines de milliers de personnes chaque dimanche.

Pour marquer le premier anniversaire de la contestation anti-Loukachenko, les rassemblements de Biélorusses se font donc à l’étranger, en particulier en Pologne et en Ukraine, où nombre de dissidents se sont réfugiés.

« Nous n’avons pas le droit de renoncer, on se trahirait et on trahirait notre peuple. Ce serait une trahison pour tous ceux qui sont en prison », a témoigné Alexander Vilks, Biélorusse en exil en Pologne, dans le 12h45 de la RTS.

« On doit accepter de ne pas voir de résultats tout de suite, mais on va continuer à se battre », a assuré une autre exilée, Tatsiana Shuntava.

Pourtant, interrogé lundi par un journaliste américain sur les arrestations massives, les fermetures forcées de médias ou d’ONG, le président bélarusse a récusé le terme de répression. « Il n’y a pas et il n’y aura jamais de répression dans mon pays (…) Je n’en ai pas besoin », a-t-il dit. « J’ai fusillé quelqu’un ? J’ai tué quelqu’un? », a-t-il encore demandé, provocateur, à l’assistance.

Le sujet du 19h30 sur les réfugiés biélorusses en Ukraine

oang avec afp et Cédrinne Vergain