Cinq millions de déplacés au Sahel, le HCR s'alarme — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Fin juin 2022, « la région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) est confrontée à une grave crise humanitaire prolongée, qui a contraint 4’820’871 personnes à fuir leur foyer », dont près de trois millions de déplacés internes dans leurs pays, déplore le HCR dans un communiqué présentant la visite de Filippo Grandi.

« Réaction trop musclée »

« C’est préoccupant, les pays qui inquiètent le plus sont le Burkina Faso et le Mali. C’est dû à l’action des groupes armés qui terrorisent les populations, vident les villages et poussent les gens vers les grandes villes », a estimé le diplomate italien. « Mais c’est aussi dû à la réaction trop musclée des gouvernements », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à N’Djamena.

« La principale action des gouvernements face aux djihadistes est sécuritaire alors qu’il faut accompagner cela, notamment par le développement de l’éducation, la lutte contre la pauvreté et les inégalités au Sahel », a affirmé Filippo Grandi. Et de marteler: « Tout cela va affaiblir l’extrémisme, l’action militaire seule ne suffit pas ».

« A cela est venu s’ajouter l’urgence climatique, qui prive les communautés de ressources et favorise les conflits (…), nous avons besoin de plus d’aide humanitaire pour tous les pays du Sahel », a conclu le chef du HCR, qui visitait d’autres camps vendredi.

Displacement Hunger Conflict

Poverty

The greatest global challenges have interconnected consequences. Those consequences are measured in the human lives they impact.

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— UNHCR, the UN Refugee Agency (@Refugees) July 13, 2022

Crise de l’eau

« La crise climatique a aggravé la compétition pour les ressources, en particulier l’accès limité à l’eau », exacerbant des conflits entre communautés, analyse le HCR dans son communiqué.

C’est précisément cela qui a poussé au Tchad voisin quelque 40’000 réfugiés camerounais fuyant depuis fin 2021 un conflit particulièrement féroce dans l’extrême-nord de leur pays entre éleveurs arabes et pêcheurs et cultivateurs de l’ethnie Mousgoum.

Mais dans le camp de Kalambari et ses innombrables maisonnettes en briques alignées, Filippo Grandi a été fraîchement accueilli jeudi par une centaine de réfugiés qui manifestaient pour protester contre leurs conditions de vie.

« Les toitures des maisons ne tiennent pas, les couchages font cruellement défaut, on nous fournit 5,75 kg de sorgho par mois, 1,75 l d’huile et 1,5 kg de légumineuses, on finit cette nourriture en une semaine », se plaint Gabriel Mati, secrétaire général du Comité des réfugiés de Kalambari.

ats/aps