Le bilan des violences passe à 72 morts en Afrique du Sud

14 juillet 2021

Le bilan des violences et pillages qui frappent l’Afrique du Sud depuis plusieurs jours est passé mardi soir à 72 morts, et les émeutes ayant perduré durant toute la journée, en dépit des premiers déploiements de soldats.

Par ailleurs, plus de 1200 personnes ont été arrêtées, a annoncé la police dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état de 45 morts, principalement dans des bousculades lors de pillages.

Le 12h45 / 1 min. / 14.07.2021

Mardi matin, la province du Kwazulu-Natal (KZN), dans l’est du pays – où les premiers incidents ont commencé vendredi au lendemain de l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma, qui reste populaire en pays zoulou – avait annoncé que le bilan était passé à 26 morts.

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À ceux-ci s’ajoutent 19 décès qui ont été constatés dans la région de Johannesburg, la capitale économique du pays.

Une bonne partie de ces victimes ont été piégées dans des bousculades qui ont eu lieu lors de pillages de plusieurs centres commerciaux. Les corps de dix d’entre elles ont été retrouvés dans la soirée à Soweto, immense township jouxtant Johannesburg, plusieurs heures après qu’une foule ait dévalisé le centre commercial Ndofaya.

Après avoir mobilisé l’armée pour prêter main forte aux forces de l’ordre, le président Cyril Ramaphosa a souligné le caractère inédit de ces violences depuis l’avènement de la démocratie post-apartheid, dans un discours télévisé.

Le Premier ministre du KZN, Sihle Zikalala, a indiqué que plusieurs personnes « ont été tuées dans des bousculades dans ce contexte d’émeutes », sans autre précision.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes font état d’affrontements entre les communautés zoulou et indienne. Cette dernière s’est mobilisée, faisant parfois usage d’armes à feu, pour se protéger contre les pilleurs, provoquant de violentes réactions et des appels à la violence à son encontre (massacre, viols) sur les réseaux sociaux.

Scènes de pillage

AFP/Luca Scola

Les images des pillages ont montré des foules compactes et désordonnées, chacun se précipitant pour récupérer téléviseurs géants, vélos pour enfant, sièges de bureau, couches, conserves… Tout ce qui peut être emporté.

Dans les magasins pillés et mis à sac, les premiers émeutiers, souvent des hommes jeunes, ont été rejoints par toutes les autres franges de la population, y compris des enfants, à la recherche de nourriture ou d’équipements à revendre, dans un contexte économique dégradé par les restrictions mises en place fin juin pour contrer une troisième vague meurtrière de pandémie de coronavirus.

Les forces de l’ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux. Ou dans les rues des principales villes touchées, aux trottoirs jonchés de bris de verre et déchets, et bordés de bâtiments et voitures en feu.

Après l’incarcération de Jacob Zuma

Les premier incidents, avec des routes bloquées et des camions incendiés, ont fait leur apparition vendredi, au lendemain de l’incarcération de Jacob Zuma, condamné à une peine de prison ferme pour outrage à la justice. Pillages et incendies se sont ensuite propagés pendant le week-end à Johannesburg.

Le président Ramaphosa, promettant de restaurer « le calme et la stabilité » lundi soir, a rappelé avec sévérité que si les « frustrations et la colère » exprimées avaient « des racines politiques », « aucune cause ne peut les justifier ».

afp/kkub