Quatre militantes féministes „disparues” relâchées par les talibans en Afghanistan — Genève Vision, un nouveau point de vue

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The UN welcomes the encouraging reports that the four ‘disappeared’ Afghan women activists, some missing for weeks, are being enabled to return home. Their well-being and safety is of paramount concern. UNAMA will continue its efforts to support the rights of all Afghans. pic.twitter.com/PbUSFhJzHx

— UNAMA News (@UNAMAnews) February 12, 2022

Deux premières militantes, Tamana Zaryabi Paryani et Parwana Ibrahimkhel, avaient été arrêtées le 19 janvier, quelques jours après leur participation à une manifestation de femmes à Kaboul qui protestaient notamment contre le port de la burqa, ce voile intégral grillagé au niveau des yeux, symbole de l’oppression des femmes en Afghanistan.

Les deux autres militantes, Mursal Ayar et Zahra Mohammadi, avaient été arrêtées début février.

A chaque fois des proches des militantes avaient également été arrêtés.

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Une première libération déjà vendredi

La libération de Parwana Ibrahimkhel avait déjà été annoncée vendredi par ses proches, précisant qu’elle avait « été détenue par l’Emirat islamique (le nom donné par les talibans à leur régime, ndlr) ».

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux juste avant que l’on ne s’empare d’elle, Tamana Zaryabi Paryani se filmait en appelant à l’aide en pleine nuit: « S’il vous plaît, aidez-moi! Les talibans sont venus chez nous. (…) Mes soeurs sont là », s’affolait-elle.

On la voyait ensuite conjurer à travers la porte de ne pas entrer chez elle. « Si vous voulez discuter, nous discuterons demain. Je ne peux pas vous voir en pleine nuit avec les filles (à la maison). Je ne veux pas (ouvrir)… S’il vous plaît! Aidez-moi, aidez-moi! ».

Lire aussi: La délégation talibane repart en Afghanistan après la signature d’une déclaration conjointe

Les talibans ont toujours nié toute implication dans la disparition des militantes et assuré avoir ouvert une enquête.

Le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, avait précisé que les autorités avaient « le droit d’arrêter et d’écrouer les opposants ou ceux qui violent la loi ».

afp/ebz

Les talibans assurent s’être modernisés, mais peinent à convaincre

Les fondamentalistes islamistes assurent s’être modernisés depuis leur précédent règne, de 1996 à 2001, lors duquel ils avaient largement piétiné les droits humains.

Mais depuis leur retour au pouvoir en août, ils répriment toute opposition. Ils ont notamment dispersé les manifestations de militantes des droits des femmes, arrêté certaines voix critiques de leur régime et ils ont tabassé ou arrêté plusieurs journalistes.

Gouvernement toujours pas reconnu

Les fondamentalistes islamistes ont également évincé les adolescentes de nombreux collèges et lycées publics, imposé aux femmes l’accompagnement d’un homme de leur famille proche lors des longs trajets, et les ont exclues de la plupart des emplois publics.

Le pays est actuellement confronté à une grave crise humanitaire et la communauté internationale -qui n’a pas jusque-là reconnu le nouveau régime- a posé le respect des droits humains comme condition préalable à un éventuel retour de l’aide internationale, qui représentait environ 75% du budget afghan avant le retour au pouvoir des talibans.