Ces enfants qui ont fui la guerre — Genève Vision, un nouveau point de vue

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En Valais, par exemple, quatre petits Ukrainiens sont déjà scolarisés. La situation « évolue de jour en jour », indique le département de la formation. Avec 3000 réfugiés qui pourraient arriver d’ici la fin de l’été, le canton s’attend à accueillir entre 750 et un millier d’enfants en âge d’aller à l’école. Autre exemple, Fribourg, où plus de 40 enfants ukrainiens sont déjà scolarisés.

Depuis qu’il est arrivé en Suisse, Marc vit dans une famille d’accueil avec sa mère et sa grand-mère. Il est allé à Boudry pour s’enregistrer et rester en Suisse. L’école, pour l’instant, il la fait en ligne avec un programme scolaire ukrainien. « Je dois lire, écrire et répondre à des questions ». Une demande a été déposée pour qu’il puisse intégrer l’école.

Une peluche pour dormir

Son pays lui manque, mais il se sent bien en Suisse. « Ici, les maisons ne sont pas détruites. Il n’y a pas d’explosions. On n’a pas besoin de se cacher ». Pour sa mère, Marc se sent beaucoup mieux désormais. Il commence à trouver le sommeil.

Mais les premières nuits étaient moins apaisées. Il serrait contre lui une peluche offerte par une petite fille du voisinage. « Il n’avait jamais dormi avec une peluche », observe sa mère. « Je pense qu’il lui manquait quelque chose. Il ne voulait pas dormir tout seul ». Avec ses Lego, Marc construit désormais des pistolets et des mitraillettes. C’est nouveau, selon sa grand-mère. Peut-être une façon d’extérioriser.

Stress post-traumatique

Sedina connaît aussi ce parcours. Dans les années 1990, elle a fui la Bosnie à cause de la guerre, avant d’arriver en Suisse à l’âge de 5 ans. Elle se souvient avoir vu le monde d’une façon très différente depuis son départ. « Les bombardements, les armes, les soldats, la faim, le froid… Ce sont des choses qui restent ».

En voyant les enfants ukrainiens, ses souvenirs remontent à la surface. « Ils viennent d’un endroit où tous leurs droits sont bafoués. Il faut les accueillir dignement pour qu’ils puissent retrouver le plus rapidement possible un sentiment de sécurité ». Aujourd’hui, elle plaide pour que les enfants aient un soutien psychologique. « Je me suis rendue compte à long terme qu’on vit avec un stress post-traumatique ».

Une arrivée rapide

La prise en charge psychologique d’enfants issus de la migration, telle est l’une des spécialités de la pédopsychiatre Saskia von Overbeck Ottino. « C’est important d’aider les enfants, mais aussi les parents », souligne-t-elle. Pour ces jeunes Ukrainiens et Ukrainiennes qui arrivent, quelle serait la prise en charge idéale? « Si l’enfant présente des signes de détresse, de dépression, de stress post-traumatique ou que ses parents ne vont pas bien, alors on pourrait engager un suivi. »

Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), les équipes se préparent à accueillir davantage de jeunes. Habituellement, les réfugiés arrivent au compte-gouttes. Les médecins vont pouvoir les suivre rapidement après les traumatismes. « C’est un bon facteur pour les thérapies », explique Saskia von Overbeck Ottino. « La guerre qui continue et les couples qui sont souvent séparés, ce sont des conditions plus difficiles ».

Les HUG sont en train d’engager du personnel pour assurer les suivis, précise Saskia von Overbeck Ottino. « Nous n’allons pas effacer la guerre. Les gens ne vont pas être restaurés comme ils étaient avant. Une trace va rester. C’est peut-être là où on se sent assez impuissant dans ce genre de conflits ».

Katia Bitsch, Guillaume Rey

Besoins humanitaires toujours plus urgents dans l’est de l’Ukraine

L’ONU a averti vendredi que les besoins humanitaires dans l’est de l’Ukraine devenaient de plus en plus urgents. Plus de 200’000 personnes n’ont pas accès à de l’eau rien que dans la région de Donetsk.

« La situation humanitaire dans des villes telles que Marioupol et Soumy est extrêmement grave, les habitants étant confrontés à de graves pénuries – aux conséquences qui peuvent être fatales – de nourriture, d’eau et de médicaments », a déclaré un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh.

« Plus de 200’000 personnes n’ont pas accès à de l’eau dans plusieurs localités de l’oblast (région, ndlr) de Donetsk, tandis que les bombardements incessants dans la région de Lougansk ont détruit 80% de certaines localités, laissant 97’800 familles sans électricité », a indiqué Matthew Saltmarsh.

En outre, a-t-il dit, les attaques ciblées contre les civils et les infrastructures civiles et l’absence de passage sécurisé mettent en danger la vie de milliers de civils.

Les personnes vulnérables sont de plus en plus confrontées à des difficultés pour avoir accès aux services essentiels tels que la nourriture, l’eau, les médicaments et les soins de santé d’urgence dans les zones touchées.

Le HCR estime qu’environ 13 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire et de protection en Ukraine.

AFP